Résumé de la vie de Papa, Papi, Jean Guizard.
Dit par son fils Bertrand Guizard, le 29 juillet 2025
La vie de Jean Guizard est rythmée par des étapes bien marquées :
Il y a eu tout d’abord le temps de l’enfance, celui des tropiques. Papa est né le 17 octobre 1934 à Conakry, capitale de la Guinée, qui était alors une colonie française. Son père, Henri Guizard, ingénieur des ponts et chaussées, était allé en Guinée construire des routes, voies de chemin de fer et ponts…
Papa est donc né là-bas, ainsi que sa soeur Josette et son frère Yvon. La deuxième soeur de Papa, Annie, et donc la quatrième de la fratrie, est née en métropole.
Papa est resté 11 années en Guinée. Il n’y est pas allé à l’école, et vivait toujours pieds nus avec les gamins Guinéens… Il a vécu là bas une enfance insouciante; il savait tout de même lire et écrire grâce à sa maman qui l’a éduqué.
Quand au lendemain de la guerre la famille est définitivement rentrée en France, ça a été un grand choc pour papa et Josette puisqu’ils ne connaissaient pas le milieu scolaire.
C’est la seconde étape de sa vie, celle de la jeunesse d’un garçon qui suivait son papa au fil de ses affectations. Il est d’abord allé à Saint-Brieuc, chez ses grand-parents maternels, pendant une année.
Puis quand il a eu 12 ans, la famille s’est installée à Cherrueix, en baie du Mont-Saint-Michel où notre grand-père travaillait notamment sur la construction des digues de polders. Ils se sont ensuite installés à Dol pendant quatre années. Papa n’était pas que basketteur à cette époque, il jouait également au football…
À la fin de cette période, troisième étape : la famille s’est s’installée à Saint-Malo. Ce coup du destin fait que je peux vous raconter cette histoire, avec Fanny et Stéphane, puisque c’est à Saint-Malo que Jean a rencontré une jeune femme, Yvonne Collyer, fille d’une famille de six enfants (trois filles et trois garçons), et dont le père, Alexandre Collyer était ”self made man”. Parti de rien, il avait créé la toute première ligne de cars touristiques, entre Saint-Malo et le Mont-Saint Michel, et a rapidement fondé une banque, derrière la Grande Porte de Saint-Malo.
Papa, fils de fonctionnaire d’État et Maman, fille de riche commerçant, jouaient ensemble au basket avec d’autres amis. Le sport, déjà… et puis l’amour a fait le reste.
Jean et Yvonne se sont mariés le 14 décembre 1955. Jean avait 21 ans, Yvonne en avait 25.
Nous n’avons pas connus nos grands-pères. Alexandre Collyer, grand fumeur, est décédé avant le mariage de sa fille en 1955 à l’âge de 50 ans. Henri Guizard est mort en décembre 1958 à l’âge de 48 ans. En revanche nous avons bien connu nos grand-mères, Jeanne et Jeanne, qui vivaient toutes les deux à Saint-Malo intra-muros.
Papa avait beaucoup de relations avec sa famille installée à Paris, et en particulier avec sa grand-mère Louise, maman de Henri Guizard, qui avait perdu son mari pendant la grande guerre. En tant que veuve de guerre, elle avait reçu une charrette à bras et avait l’autorisation d’exercer le métier de marchande de quatre saisons aux halles de Paris. Papa était très attaché à sa grand-mère. Et nous également : nous adorions notre arrière-grand-mère, qui nous a quittés en 1974. Nous avions la chance d’avoir une Mamie, une mémère-de-Saint-Malo, et une mémère-de-Paris ! Elles étaient toutes trois terriblement attachantes.
Deux enfants sont nés de l’union de Papa et Maman à Saint-Malo : Hervé en 1956 et Bertrand en 1958. Stéphane et Fanny sont nés à Rennes, où Jean et Yvonne se sont installés en 1960, le premier en novembre 1962 et la seconde en1968 (pendant les évènements de mai !)
C’est avec une ”boule au ventre” que maman a quitté son Saint-Malo natal. La petite famille s’était installée dans un HLM de Cleunay, à l’époque un des quartiers les plus pauvres de Rennes. Cela a été la quatrième étape de la vie de Papa. Pendant son service militaire où il avait été exempté de guerre d’Algérie grâce à la naissance de son second enfant, il avait été versé dans le chemin de fer, et avait appris à conduire des locomotives. Il aurait pu faire carrière comme conducteur de trains, mais il a préféré choisir l’automobile. Citroën-Rennes l’a recruté : il a d’abord travaillé au bureau des méthodes à la Barre Thomas, puis est entré à la Janais où il a fait carrière aux achats. Il achetait tout ce qui était nécessaire au fonctionnement des usines Citroën de Rennes.
Pendant que Papa travaillait à Citroën, Maman était maîtresse d’éducation physique à la Ville de Rennes. Elle donnait ses cours dans les écoles laïques de Rennes : Papu, Cleunay et d’autres que j’ai oubliées.
Mais un élastique puissant les ramenait à Saint Malo, à la plus grande joie de leurs enfants, pendant les vacances et les week-ends où le sport leur laissait un peu de répit. À la fin des années 60 ou au début des années 70, Papa a fabriqué un voilier avec des copains bricoleurs de Citroën. C’était le premier Barracuda. Nous avons eu le plaisir de faire de la voile à Saint-Malo dans trois voiliers différents, à chaque fois un peu plus grands…
Nous ne sommes pas restés longtemps à Cleunay. L’ascenseur social marchait bien pendant les trente glorieuses. Papa et maman ont fait construire une maison au Patis-des-Couasnes, bout de campagne perdu au milieu des étangs, situé non loin de l’aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande et de l’usine Citroën. Nous nous y sommes installés en 1964, et les garçons ont continué à fréquenter l’école primaire et le collège de Cleunay.
Papa est resté à la Janais jusqu’à sa retraite, en 1995. Il y a fini ingénieur maison, ce qui était amplement mérité pour un matheux comme lui, et vu son dévouement, sa ponctualité et sa loyauté envers la société qui l’employait.
Pendant toute la période rennaise, le sport et principalement le basket a occupé une place centrale dans la vie familiale. Nos parents ont joué au Basket Club du Sud Ouest devenu rapidement antenne de Ginguené du Cercle Paul Bert, principal club laïque de Rennes. Il y ont entrainé et managé des équipes, dont celles de leurs enfants. Papa s’est fortement investi dans le rapprochement entre le Cercle Paul Bert Central et le Cercle Paul Bert Ginguené, qui s’est traduit par la création de l’Entente du Cercle Paul Bert…
Et puis est arrivé le temps du grand retour à Saint-Malo, cinquième étape de la vie de Papa.
Maman n’avait qu’une idée en tête : revenir vivre à Saint-Malo, pays de sa jeunesse heureuse. Dès que papa a été en retraite, ils ont vendu la maison du Patis-des-Couasnes, et se sont installés à proximité de la plage du Minihic, à mi-chemin entre Saint-Malo intra muros et Rothéneuf. La maison que vous connaissez tous !
Papa n’en avait pas fini avec le sport, loin de là. Il est rapidement devenu président d’un des plus grands clubs laïcs de France en nombre d’adhérents : le Cercle Jules Ferry de Saint-Malo. Maman, rassurée de voir son mari trouver une telle fonction dans l’univers du sport, était fière et heureuse pour lui.
Il y eu pendant cette période des drames familiaux. Ma femme Corinne est partie à l’âge de 29 ans au paradis des mamans en septembre 1999. Notre frère aîné, Hervé, est décédé à l’âge de 47 ans le premier jour de l’année 2003. Jeanne, la maman de Papa, a quitté ce monde le 4 février 2003. Maman, en février 2005, à l’âge de 72 ans. Puis Clément, fils cadet de Fanny et Dominique, est parti en mars 2020 à l’âge de 25 ans, ce qui a profondément bouleversé Papa.
Papa a vécu la dernière période de sa vie veuf, non sans difficultés mais avec courage, et bien entouré par ses amis, voisins et famille. Il a continué ses activités au Cercle Jules Ferry jusqu’à l’âge de 82 ans. C’était il y a huit ans. Il adorait accueillir ses petits enfants à Saint-Malo, où ils profitaient l’été de stages de tennis et des activités multi-sports mises en place par leur président de grand-père.
Papa et maman ont reçu une médaille amplement méritée de la jeunesse et des sports pour récompenser leur dévouement auprès des jeunes. Jeunes au premier rang desquels figurait toute leur descendance. Soyez assurés qu’ils vous aimaient plus que tout et qu’en retour, votre amour leur faisait le plus plus grand bien !
Selon son souhait, Papa a fini sa vie longue et bien remplie dans sa maison, paisiblement, entouré de ses enfants.