Jean Pierre BERTHOMÉ

Un homme bon. Un homme sage. Sachant jouer des arcanes de l'université, mais généreux pour faire grandir le Département des Arts du spectacle qu'il a co-fondé, notre Alma Mater, avec une vraie pensée du collectif. A son départ en retraite, nous lui avions fait tous ensemble, non pas des "Mélanges", mais cet ouvrage sur la "Comédie musicale : les jeux du désir", un clin d'oeil à la fois à son champ de recherche et à son joyeux hédonisme. Il nous a offert une grande partie de sa bibliothèque, fidèlement accompagné de Priska pour ce faire, il n'y a pas si longtemps. Que de beaux souvenirs et de présents en héritage ! Il a eu l'amour de son métier et a su tant nous donner et nous transmettre. Tristesse et reconnaissance infinies.

Quelle immense tristesse d'apprendre le décès de Jean-Pierre, qui fut mon enseignant et directeur de recherches à Rennes 2. Je présente mes plus sincères condoléances a son épouse ainsi qu'à sa famille.

Paradoxalement, quel bonheur de se souvenir de lui et de son enseignement, lui qui a su passionner des générations d'étudiants. Car au-delà du contenu même de son enseignement, c'est bien voir de Jean-Pierre enseigner qui a été le plus précieux, pour moi notamment qui enseigne le cinéma depuis vingt-cinq ans sans être jamais passé par aucune formation spécifiquement dédié à la didactique ou à la pédagogie. Observer Jean-Pierre faire son métier fut une formation en soi.
On ressentait qu'il avait conscience de sa chance, d'avoir fait profession de sa passion, et se faisait loi de transmettre cet enthousiasme à chaque prise de parole, quel que soit le cours, le contexte, le niveau de l'auditoire ou le sujet traité. Que chaque moment où il se présentait devant des gens pour leur parler cinéma soit un moment riche, stimulant, exaltant.
Quelle leçon de vie au-delà de l'enseignement !

Berthomé, Jean-Pierre, JP !
Pour moi, tu as été …
. Un enseignant brillant et adulé qui déconstruisait la complexité d’un film et nous en révélait les richesses
. Un collègue sympathique et généreux
. Un débatteur vif et inépuisable
. Un leader enthousiaste et fédérateur
. Un directeur imposant et entreprenant
. Un partenaire complice et confiant
. Un ami chaleureux et réconfortant
. Un convive joyeux et intarissable
. Un cuisinier hors-pair qui avec Jackie savait recevoir

Bref, tu as été beaucoup pour moi.

Le point fort de notre rencontre a été le jour où tu m’as tendu la main pour me proposer de travailler ensemble sur les décors de Bernard Evein.
De là j’ai fréquenté un plateau de tournage et découvert la fébrilité d’un chantier où l’on circule difficilement, entre les planches, les bastaings, les contrepoids, les câbles, les prises, les projecteurs, et où, au détour d’une paroi, surgit le décor d’un riche salon occupé par une splendide jeune femme qui ne me voit pas, mais qui concentre toutes les attentions : on l’apprête, la déplace, la manipule, la rectifie, l’illumine jusqu’au signal « Action ».
Jean-Pierre, tu m’as ouvert ce monde éphémère et tu m’as donné la confiance qu’il fallait pour entreprendre de traduire en exposition ces fabuleuses constructions vouées à disparaître pour n’être plus qu’une trace sur une pellicule et au final une lumière projetée sur un écran.

JP, si tu as été un découvreur et un Passeur dans le monde du cinéma, dans le monde de l’amitié ton passage a laissé une forte trace.
Merci JP
Didier

J'ai eu le chance de connaitre Mr BERTHOME, et je garderai toujours le souvenir de son sens de l'accueil, de sa gentillesse, de sa passion pour le cinéma et de sa bonne cuisine : je garde un très bon souvenir de son chili, je ne sais pas si c'est son plat fétiche, mais moi c'était le premier que je mangeais et quel délice!!
Je pense très fort à toute la famille en ces moments difficiles
Je vous embrasse
Céline

J’ai eu la chance de collaborer avec Jean-Pierre pour les articles qu’il a confiés à 1895 revue d’histoire du cinéma. Secrétaire d’édition, mon rôle est de veiller à l’illustration, de choisir l’iconographie lorsque les auteurs ne l’ont pas prévue, de relire et mettre au point les articles, de les préparer à la mise en page, en indiquant l’emplacement précis et la taille des images pour la maquettiste, de suivre ensuite les différents jeux d’épreuves pour arriver à la version définitive prête à l’impression. Travailler avec Jean-Pierre fut une chance, mieux, un privilège, tant ses textes étaient pensés pour l’illustration, tant ses démonstrations s’appuyaient sur les images, ce qui est étonnamment très rare dans nos milieux académiques. Partageant la même approche – comment parler de cinéma sans rien mettre sous les yeux du lecteur ? – nous avons vite scellé une collaboration amicale qui s’est transformée en une complicité, laquelle devait beaucoup à sa réactivité, à son efficacité, et à son œil précis, je dirais même implacable. C’était le seul contributeur régulier de la revue auquel je soumettais chaque jeu d’épreuves, avec lequel j’échangeais parfois des dizaines de mails ou par téléphone, pour nous mettre d’accord sur les choix, la disposition, les agencements. Jusqu’au dernier moment, je pouvais intégrer des mini-changements parce que Jean-Pierre avait repéré une coquille, demandait à intervertir deux images – questions de couleur, de taille, ou plus souvent d’adéquation avec le texte. J’ose croire qu’il aura trouvé en moi la bonne partenaire pour ce petit jeu qu’est la fabrication d’une publication, en tout cas je m’y suis livrée avec un grand enthousiasme. Jean-Pierre restera un modèle d’exigence intellectuelle et dont l’œil était tout autant précis dans les détails que sagace, avec une science incroyable de l’espace pour laquelle je garderai une admiration éternelle. Son dernier message demandant de mini-modifications date du 11 septembre à 23h59. Je les ai introduites le lendemain matin à 7h. Son dernier texte est à l’impression. Il paraîtra dans trois semaines. J’espère qu’il inspirera la nouvelle génération d’historiens du cinéma.

Tous les membres du département Arts du spectacle de l'université Rennes 2 se joignent à moi pour vous présenter leurs plus sincères condoléances. Nous devons toutes et tous énormément à Jean-Pierre, ses apports étant inestimables et son empreinte sur les études cinématographiques indélébile.
Simon Daniellou, directeur du département Arts du spectacle

J'apporte toutes mes condoléances à la famille, aux amis et aux collègues de Jean-Pierre Berthomé, dont je fus l'un des étudiants à Rennes II : sa manière unique d'enseigner, son sérieux intellectuel et son sens aigu de l'analyse ont été pour beaucoup dans ma décision d'enseigner à mon tour le cinéma. Sa cinéphilie contagieuse m'a également permis d'aiguiser mon regard, en m'apprenant à voir les films d'Orson Welles ou de Jacques Demy sous un angle sans cesse renouvelé. Pour ces choses, ainsi que pour sa chaleureuse humanité, il restera pour toujours dans ma mémoire.